Syndrome FOMO : Fear Of Missing Out en bourse

Le FOMO, un nouvel acronyme qui tend à se populariser pour un phénomène qui est lui, beaucoup moins nouveau.

Avec l’émergence de nouveaux réseaux sociaux – l’essor de Tik Tok, la montée en puissance de Twitch ou encore l’arrivé de Clubhouse – on peut vite se retrouver dans un environnement démodé, ou pour être un peu plus cru : has been.

Tenir un webzine (lesformationstrading.fr) est un exemple frappant, l’accès au contenu vidéo avec le déploiement de la 5G devrait encore un peu plus amplifier cette nouvelle consommation de contenu au détriment des formats traditionnels de type articles éditoriales.

Suis-je démodé ? sur certains points de vue probablement, et sur d’autres probablement pas.

L’idée reste d’être aligné avec sa stratégie, sa vision, sans chercher à être partout mais surtout nulle part.

En bourse, le parallèle est évident. Ce pourquoi les traders, influenceurs, ont déjà pu exposer ce terme :

Attention au FOMO.

Depuis mars 2020, ce n’est pas les tentations qui manquent tant les folles envolées sont nombreuses : bull run du Bitcoin, remontée du Wti (pétrole), reprise en V des indices américains, hausses fulgurantes liées aux rumeurs de vaccin de novembre 2020, en clair il faut être partout.

C’est pourtant contraire aux bonnes pratiques d’investissement, alors nous avons décidé de tout vous expliquer.

Qu’est ce que le FOMO ?

Le syndrome FOMO, Fear Of Missing Out pour la peur de manquer n’est pas nouveau, mais il a pris une importance considérable ces dernières années.

Source de stress (mal du 21è siècle), le syndrome FOMO a fait l’objet de plusieurs études récentes. Le revue scientifique Plos nous affirme même qu’en 2020, 21 articles scientifiques traités de ce phénomène dans des domaines très variés allant du marketing, de la psychologie à l’éducation.

En cause : l’avènement des réseaux sociaux qui touche en plus une population particulière – les adolescents, les jeunes – qui sont habituellement moins en proie au stress.

Les réseaux sociaux visés, ceux démocratisés, Facebook, Twitter, Snapchat, Instagram sont des véritables fabriques de vies rêvées. En affichant systématiquement son meilleur profil, ses meilleurs restaurants, ses meilleures soirées, ses meilleurs vacances… l’utilisateur de la plateforme transmet à ses abonnés une vie idéale, qui eux ne vivent probablement pas sur le moment.

Les réseaux sociaux fournissent en continue des moments forts à destination de ceux qui vivent des moments faibles.

Ils créent des distorsions entre la réalité, celle que vous vivez qui est finalement normale, et votre imaginaire.

Les réseaux sociaux fabriquent une quantité d’informations importantes, si bien qu’il reste difficile d’être à jour et qu’il devient impossible de ne rien manquer.

Sauf que, l’actualité faisant, vous êtes embarqué dans ce besoin d’estime et d’accomplissement de soi (Cf. pyramide de Maslow). En clair, vous avez besoin vous aussi d’apparaitre dans la dernière soirée branchée, de montrer des choses à vos abonnés, de montrer les dernières tendances.

Ce décalage entre vos besoins, votre réalité et la vie des autres qui semblent (toujours) répondre à vos propres besoins, entraine des perturbations émotionnelles. On liste :

  • Insatisfaction constante, sentiment d’infériorité.
  • Frustration.
  • Peur du regret.
  • Stress.
  • Peur de l’indisponibilité.

Prendre conscience du phénomène

S’il convient de prendre conscience du phénomène, il faut rappeler que nous ne sommes pas tous touchés par ce syndrome, et qu’une consultation même journalière des réseaux sociaux n’est pas symptomatique, tout dépend de l’importance que vous accordez aux contenus et votre estime de vous.

Le FOMO se développant, ou étant extrapolé à d’autres disciplines à fort impact émotionnel comme la bourse et le trading – ce que nous allons voir par la suite – il est normal que les statistiques de recherche soit élevées.

Il a par exemple été réalisé un suivi de hashtag #FOMO sur Twitter et Instagram. En une seule journée, plus de de 200 publications atteignant plus de 100000 vues individuelles ont été relevées[1].

A cette même date, il y avait 182 000 vidéos YouTube liées au syndrome FOMO.

Le sujet devient si répandu que de nombreuses applications ont été développées.

Un sujet suffisamment sérieux pour intéresser des médias importants comme Arte, qui a publié le 18 mars 2021, un épisode à ce sujet.

La next step : le JOMO ou le DCAMO

Il n’y a pas de recette miracle, pour se désengager de cette hyperconnexion, il faudrait faire le chemin inverse, c’est à dire apprendre à se déconnecter et/ou changer son état d’esprit.

Vient alors le JOMO, Joy Of Missing Out qui signifie littéralement, la Joie de manquer quelque chose. Le mouvement JOMO prend le syndrome FOMO à contre pied. Quand l’un amène une frustration de manque, l’autre se réjouit de ne pas participer au système.

Le changement d’état d’esprit est un peu radical. Rien ne sert d’avoir de trop fortes convictions, pour nous il est plus utile, surtout en bourse, de ne pas se soucier de pouvoir ou d’avoir manquer une opportunité. En clair, il est préférable d’avoir des émotions neutres et alignées avec soi-même. Encore un concept souligné par un acronyme, le DCAMO : Don’t Care About Missing Out[2].

Marchés financiers : attention au FOMO

Si il y a bien un domaine qui nous concerne, c’est celui des marchés financiers où le FOMO s’applique également.

J’aurai d’ailleurs tendance à croire que ce syndrome s’applique davantage aux traders actifs, qui réalisent des opérations spéculatives à court terme (trading) alors que les traders de long termes, moins impliqués dans la rotation de leur portefeuilles d’actifs, ne vont pas chercher quotidiennement la meilleure opportunité.

Le trading est une discipline à forte sollicitations émotionnelles, en proie à fragiliser les esprits, où la douleur occasionnée par une perte est très importante psychologiquement.

FOMO et perte en bourse, peut-on identifier un lien ?

Statistiquement le trading est une activité très risquée, l’étude publiée par l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) nous l’indique très clairement : 89% des investissements particuliers perdent de l’argent sur les comptes CFD chaque année. Et bien que l’étude s’intéresse au forex, sur compte CFD, il y a fort à parier que les statistiques soient sensiblement les mêmes pour les traders actions et indices.

Sauf qu’une perte en trading ce n’est pas l’équivalent d’un gain.

Un gain parait normal, parait être justifié compte tenu du travail, de l’engagement et de la prise de risque du trader. Une perte impacte doublement, premièrement votre portefeuille, puis votre estime de vous (ai-je bien réagi ? aurai-je dû couper avant ? aurai-je dû prendre ce trade ? pourquoi cette perte ?). Il n’est pas rare que, face à un imprévu ou une situation douloureuse, vous ayez en plus modifié certaines de vos convictions (il ne faut pas moyenner à la baisse, il faut toujours couper une perte, on ne déplace jamais un stop loss), dès lors vous pouvez vous sentir doublement coupable.

Ce schéma c’est votre réalité.

Alors que d’un autre côté sur les réseaux sociaux, vous allez pouvoir lire les réussites de nombreux traders particuliers. Réussites que l’on ne peut que croire d’ailleurs, car il est impossible de les démontrer. Mais elles ne sont pas impossibles car statistiquement 10% des traders gagnent de l’argent en pratiquant le trading et comme ils ne gagnent pas au même moment, des traders perdants de long terme peuvent être gagnants à court terme.

S’opèrent donc simultanément 3 constats :

  • Constat n°1 : De nombreux particuliers perdent de l’argent.
  • Constat n°2 : Ces nombreux investisseurs subissent des situations douloureuses (psychologiques).
  • Constat n°3 : Ils sont confrontés aux réseaux sociaux qui ne montrent que des situations idylliques.

Face à ces constats, la suite logique parait plus évidente.

Devant ses propres échecs, même si peu nombreux, le trader particulier constatera sur les réseaux sociaux les moments forts des ses confrères, le poussant à les suivre davantage, à rechercher davantage une meilleure opportunité, une meilleure technique… Mais à ce stade, notre trader n’a pas encore la peur de manqué une opportunité, il vient juste de rentrer dans un cercle (visieux?) le poussant à consommer toujours plus de données pour progresser.

Trading : les facteurs déclenchant le FOMO

Les marchés financiers répondent à la loi de l’offre et de la demande, quels que soient les actifs. Et malgré l’apparition des algorithmes de trading, on peut admettre que la psychologie et le niveau de confiance des intervenants jouent encore un grand rôle dans l’évolution des cours de bourse.

Guidés par leurs émotions, les investisseurs vont avoir fort à faire s’ils veulent battre le marché. Ce dernier est capable d’évoluer calmement pendant plusieurs jours, plusieurs semaines.. assez de temps pour redonner confiance avant, et de manière improvisée, être beaucoup plus chaotique.

Les facteurs suivants vont malmener tout investisseur. S’il se sentait déjà fragile dès suite de pertes consécutives ou de, plus généralement, ses mauvais résultats, les facteurs qui suivent peuvent le rapprocher peu à peu du syndrome FOMO.

  • La volatilité des marchés. La volatilité désigne l’ampleur des variations d’un cours de bourse, plus les mouvements d’oscillations sont élevés, plus les marchés sont volatiles. Une volatilité exacerbée entraine de fortes variations de capital qui peuvent impacter psychologiquement le propriétaire dudit capital.
  • Une tendance forte à la hausse comme à la baisse. On les nomme Bull run (pour tendance haussière) et Bear Run (pour tendance baissière). Une tendance forte parait inarrêtable, d’un côté un célèbre diction nous rappelle que “les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel“, d’un autre rien ne semble pouvoir arrêter un bull run. La difficulté dans ce type de configuration est d’être capable de rentrer avec un prix correct, car un retour à la moyenne (violent) et plus que probable à un moment donné.
  • Les rumeurs, les news. Les rumeurs et les news peuvent être portées par les médias ou les réseaux sociaux. Elles constituent un flot considérable de données journalières, si bien qu’il est difficile de les suivre. Pourtant la peur de louper l’information impactante est bien présente.
  • Les imprévus et leurs conséquences sur la bourse. Une crise sanitaire ? un tweet de trump ? un attentat ? dans notre quotidien les imprévus sont plutôt rares, mais en bourse, il y a toujours une bonne raison pour inciter à la défiance.
  • L’évolution de son capital. L’empreinte psychologique d’un capital qui baisse peut et vous emmène souvent à sortir de votre ligne de conduite. Pourtant en bourse, on ne gagne que très peu souvent, la majorité du temps les investissements s’annulent entre petites pertes et petits gains.
  • L’exposition de l’actif. En 2019, tout le monde parlait de l’or qui été passé de 1300$ à 2000$, depuis 6 mois, il ne fait que perdre de sa valeur. En 2020, tout le monde parlait du Bitcoin qui continue son ascension mais jusqu’à quand ? L’exposition médiatique d’un actif est un danger, elle vous fait prendre des décisions hâtives portaient par l’effet de foule et du besoin d’appartenance : moi aussi j’en suis…

Bien sûr ces facteurs peuvent être cumulatifs. La peur de manquer une information capital, peut se cumuler avec la peur de louper le train d’une belle opportunité et la peur de ne pas réussir à remonter son capital.

Toutes ces peurs et ces troubles psychologiques entrainent le FOMO.

Est-ce des peurs justifiées ?

Quand on touche aux émotions, il est dur de faire appel à la raison. Dans ces circonstances, il est difficile de s’en vouloir.

Pourtant lorsque l’on spécule, que ce soit en trading ou en bourse, car dans la finalité l’idée est de tirer des revenus de cette activité, il est préférable de se réjouir d’atteindre ses objectifs : c’est à dire de tirer profit des marchés financiers.

Les réseaux sociaux ont apporté un outil de comparaison qui n’existait pas.

Et malheureusement avec eux, nous n’aurons :

  • jamais les meilleures performances, il y aura toujours quelqu’un qui fait mieux ou qui dit faire mieux.
  • jamais la meilleure entrée, il y aura toujours quelqu’un qui sera rentré avant vous.
  • jamais la meilleure sortie, il y aura toujours quelqu’un qui sera sortie avant vous si le marché s’écroule, après vous si le marché continue sa tendance haussière.

Comme nous confrontons les moments forts des autres avec nos moments normaux, voir faibles. Nous sommes éternellement et continuellement insatisfaits, en quête d’une nouvelle opportunité, en quête du graal…

C’est à ce moment là qu’il faut revenir à son objectif initiale : pourquoi toujours vouloir faire mieux ?

Personne ne peut savoir où peut aller une action.

Celui qui vous soutiendra l’inverse est un menteur, aucun indicateur, aucun technique ne peut prédire le futur et encore moins l’anticipation des autres intervenants vis-à-vis des estimations du futur.

La technique vous servira à contrôler votre risque, à savoir quoi faire de votre investissement mais absolument pas à prédire une hausse ou une baisse d’un actif.

Comment éliminer le FOMO ?

A chaque problème sa solution, il n’est jamais trop tard et l’un des premiers remèdes est d’en prendre conscience.

3 précieux conseils paraissaient être les plus impactants, pertinents, alors nous avons voulu vous les partager.

#1 Accepter de ne pas pouvoir être partout.

C’est normal de ne pas pouvoir être partout, internet évolue beaucoup plus vite que nous sommes capables d’évoluer. Il faut être capable de prendre des décisions, celle par exemple de respecter ses stratégies ou celle de ne pas suivre les influenceurs.

Votre propre expérience est un atout de poids dans votre apprentissage.

Il est courant de lire que la théorie ne représente qu’une infime partie du succès, et votre principal ennemi, c’est vous même.

On ne devient pas athlète de haut niveau en lisant des livres et regardant les autres s’entrainer, il faut s’entrainer.

Une communauté vous aide, une communauté peut vous faire évoluer, mais il faut garder une distance avec elle.

Il doit exister plus de 10 000 instruments à trader, il y de nombreux indicateurs et stratégies, de nombreux intervenants.

Personne ne peut être partout, il faut savoir rester humble par rapport à ça. Les marchés financiers existent depuis des centaines d’années, ils seront là demain.

#2 Adapter vos mises.

Le FOMO est une réaction émotionnelle provoquée par un certain nombre de facteur que nous avons mis en évidence et qui peuvent se cumuler.

En bourse pour réduire le risque psychologique d’une perte, il faut adapter la taille du capital alloué à chaque investissement, activité nommée money management. Le principe est simple, votre capital représente votre outil productif et même si il faut miser de l’argent que nous sommes prêt à perdre, l’impact d’une perte est bien réelle.

Dès lors, il faut adapter ses mises, découper son capital en fraction d’investissement.

Les gains paraitront moins spectaculaires mais les pertes aussi. C’est un deuxième avantage. L’aspect gambling étant réduit l’investisseur pourra se concentrer sur la régularité de ses actions et non plus sur les sensations occasionnées par l’activité.

#3 Faites vos analyses quand les marchés sont fermés.

Encore une fois du bon sens, quand les marchés sont fermés, il n’y a plus rien à faire. Nous sommes par pressés par la volatilité du jour, par une envolée spectaculaire que l’on voudrait rejoindre, ou par des rumeurs médiatiques qui nous empêchent de prendre position.

Un marché fermé, c’est un moment de respiration. Ce moment nous permet de faire nos arbitrages calmement (la journée est passée), d’assimiler ce qui a fonctionné et de tenter de comprendre ce qui n’a pas fonctionné.

Les actions que vous allez programmer le lendemain sont aussi millimétrées et calculées (money management).

L’apprentissage devrait toujours commencer sur des unités de temps longues (journalière ou hebdomadaire) et en dehors des marchés ouverts.

Une action simple à mettre en place qui est pourtant un gage de sécurité.

En tout état de cause, restez confiant, le FOMO peut toucher les débutants comme les initiés. Il devient tellement problématique que le fond d’investissement Tuttle Tactical Management a crée un ETF fear of missing out..[3]

C’est sérieux un ETF FOMO ?

Je conclurai sur ce paragraphe car la nouvelle est tout à fait sérieuse.

Le principe de cet ETF est de suivre les actions, et plus globalement tout actif financier, en forte tendance ou en capacité d’émergé rapidement.

Le panier de produits contenus dans cet ETF sera réévalué chaque semaine pour garantir une réactivité aux nouvelles tendances.

Cet ETF semble vouloir se baser sur le principe du Momentum, c’est à dire que plus une valeur monte plus elle aurait de chance à moyen terme de continuer à monter. Ce phénomène s’explique par le temps qu’il faut au marché pour digérer certaines informations, par des biais humains et peut être le… FOMO, devant la montée en puissance d’un actif, certains voudraient y participer.

Attention toutefois, si cet actif vous intéresse, à bien contrôler la composition ainsi que les frais.

Cet ETF a été annoncé le 15 mars 2021, il serait préférable d’avoir une année de recul pour s’y intéresser vraiment.

Mise à jour juin 2021 : L’ETF FOMO a bien été lancé. Il s’appelle CIS FOMO ETF sur Boursorama (code US19423L6645). Une valeur à suivre.


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2 commentaires
    1. Salut Novice,
      Le code ISIN n’est pas encore disponible, l’ETF est en cours de développant.
      Je le rajouterai à l’article quand celui-ci sera dispo 🙂
      Bien à toi

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