L’inflation : quel rôle et conséquence sur notre économie ?

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Vous avez dû le constater : les chroniqueurs financiers, les bloggeurs spécialisés sur la bourse ou encore les journaux qui se consacrent à la finance, n’ont actuellement qu’un seul mot à la bouche : l’inflation.

Le retour de l’inflation est vue comme une catastrophe, alors beaucoup se rassurent en pensant que nous n’assistons qu’à un épisode temporaire.

Pourtant les faits sont là! Hausse des matières premières, hausse de l’énergie, pénuries… le retour à la normal semble difficilement envisageable, du moins à court terme.

Contraint l’Etat sort son chéquier et versera à 38 millions de français un chèque nommé “indemnité inflation” de 100€.

Juste ou non cette mesure existe, mais que devons-nous craindre réellement ? qu’est ce que l’inflation et qu’elles pourraient être ses conséquences sur nos finances ? on vous explique tout dans cet article.

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Mais revenons au sujet.

Qu’est-ce que l’inflation ?

La relation entre masse monétaire et inflation

L’inflation se définit comme l’érosion du pouvoir d’achat d’une monnaie. Lorsque le taux d’inflation augmente, les prix des biens et des services se met à croître. Par conséquent, le coût de la vie augmente, ce qui entraîne une baisse du pouvoir d’achat.

Une augmentation du niveau général des prix signifie qu’une même somme d’argent permet d’acheter moins de biens et de produits qu’elle ne le permettait auparavant. En clair, si le prix du carburant augmente, il faut plus d’argent pour faire un plein habituel.

Le phénomène de l’inflation apparait lorsque la masse monétaire augmente. La masse monétaire d’un pays correspond à la quantité de monnaie en circulation dans l’économie : elle se définit par la somme des pièces et billets de banque (monnaie fiduciaire), auxquels on ajoute les crédits de toute nature, et les encours matérialisés par des écritures tels que les réserves (la monnaie scripturale).

Il ne faut pas confondre l’inflation avec la déflation. Cette dernière se produit lorsque les prix baissent, ce qui provoque une hausse du pouvoir d’achat.

L’inflation est pourtant, théoriquement, un indicateur visé. Avec elle, les économies épargnées et surtout les dettes s’érodent à fil des années… mais ce n’est pas tout.

L’inflation : un signe de croissance économique…

L’inflation est un indicateur de croissance économique.

C’est la raison pour laquelle beaucoup d’économistes (et en particulier les économistes keynésiens) considèrent qu’un peu d’inflation est un phénomène normal, pour ne pas dire souhaitable. En effet, l’inflation se manifeste en principe dans une économie en croissance : dans ces circonstances, les ménages, les collectivités et les entreprises (ce qu’on appelle les agents économiques) achètent et investissent davantage.

Ce surcroît de consommation et d’investissement crée un déséquilibre de l’offre par rapport à la demande. La relative raréfaction des biens et services pousse les prix des biens et services (ainsi que les salaires, puisque le salaire est le prix de la main d’œuvre) à la hausse.

Une hausse du prix des composants ou des matières premières, des salaires ou des taxes, a pour effet de surenchérir le coût de production.

Deux choix s’offrent alors aux entreprises : répercuter ces hausses sur les prix de vente de leurs productions, ou réduire leur production pour maintenir les coûts. Dans ce dernier cas, c’est la réduction de l’offre des biens ou services en question qui provoque une hausse des prix (l’offre de ces biens ou services se réduit alors que la demande reste la même). C’est ainsi que l’inflation gagne toute l’économie.

En outre, en situation de croissance, les agents économiques ont tendance à emprunter davantage, ce qui se manifeste par de la création de monnaie entrainant une augmentation de la masse monétaire.

Ainsi, historiquement, les hausses modérées de l’inflation ont été associées à un accroissement du produit intérieur brut (PIB), donc, à de la croissance.

…ou l’amorce d’un désastre

Mais l’inflation peut également provenir des attentes des agents économiques.

Si un employé pense que l’inflation va persister et que le niveau des prix à la consommation va continuer à s’élever, il sera enclin à réclamer une augmentation de salaire. Celle-ci entraînera une augmentation des coûts de production de son employeur. L’entreprise peut alors décider d’augmenter ses prix de vente en conséquence, ce qui alimente encore davantage l’inflation.

Dans certains cas, en cas de surchauffe de l’économie, on peut entrer dans une “spirale inflationniste” : c’est ce qui se produit lorsque l’inflation s’emballe et devient incontrôlable, générant une dévaluation très rapide de la devise. Songez aux brouettes de billets de banque nécessaires pour acheter du pain lors du triste épisode de l’hyperinflation de la république de Weimar[1] (années 1920).

Cette époque a marqué l’inconscient collectif allemand, et encore aujourd’hui, nos voisins de l’Est redoutent particulièrement l’inflation, ce qui explique en partie pourquoi ils sont très sourcilleux à l’égard des politiques monétaires très accommodantes actuelles.  

Au début du mois d’octobre, le Venezuela victime du même désastre, a dévalué officiellement sa monnaie. Désormais, un ticket de bus de la capitale Caracas vaut 1 bolivar, contre 1 million de bolivars[2] précédemment. Cette mesure, qui vise uniquement à simplifier la vie des Vénézuéliens, ne permettra pas de juguler l’inflation qui a galopé au rythme de 3 000 % l’année dernière (l’année précédente, c’était près de 10 000 %).

Le rôle des banques centrales

C’est pour fixer un cap entre ces deux extrêmes que l’on a assigné aux banques centrales la mission d’assurer la stabilité relative des prix. Leur rôle consiste principalement à contrôler le rythme de croissance de la masse monétaire. Cela revient à veiller à ce que l’inflation ne dépasse pas un certain seuil. Par exemple, au sein de la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) est chargée de maintenir le taux de l’inflation aux alentours de 2 % à moyen terme.

Pour mener à bien cette mission, les banques centrales disposent d’un arsenal de mesures qu’elles peuvent employer. Elles peuvent par exemple mener une politique d’encadrement du crédit, pour restreindre la création de monnaie scripturale. 

Pour ce faire, elles peuvent décider d’augmenter leurs taux directeurs, c’est-à-dire, les taux d’intérêt qu’elles appliquent sur les prêts et les dépôts qu’elles consentent aux banques commerciales.

Une hausse du taux directeur a deux effets :

  • Elle incite les banques à confier davantage de liquidités en dépôt, plutôt que d’utiliser ces liquidités pour consentir des crédits aux agents économiques.
  • Elle encourage aussi les banques à répercuter cette hausse du coût de l’argent qu’elles empruntent sur les taux d’intérêt des crédits qu’elles accordent.

Ces deux effets combinés poussent les banques à consentir moins de crédits, ce qui ralentit l’expansion de la partie scripturale de la masse monétaire. Quand la masse monétaire augmente moins rapidement, la monnaie du pays se dévalue moins : le taux de l’inflation baisse.

Nous l’avons vu, selon la théorie keynésienne, la création de monnaie contribue à relancer l’économie. Les banques centrales peuvent donc aussi décider d’augmenter la masse monétaire pour favoriser la croissance.

Á cette fin, elles mènent des politiques de “quantitative easing” (“QE” ou assouplissement quantitatif) : on dit alors qu’elles “impriment” de l’argent (ou qu’elles “font tourner la planche à billets”) pour injecter massivement des liquidités dans l’économie afin de favoriser les achats et les investissements. En pratique, elles peuvent opérer de deux manières :

  • Soit en assouplissant les conditions de crédit qu’elles accordent aux banques (tout en les dissuadant de leur confier des dépôts) en abaissant leur taux directeur pour les encourager à prêter davantage aux agents économiques.
  • Soit en achetant des titres financiers tels que des obligations souveraines à des banques et des investisseurs. Ainsi, les bénéficiaires de ces achats ont plus de liquidités pour acheter, investir ou accorder des emprunts.

Au cours de la dernière décennie, les banques centrales de la plupart des pays occidentaux ont appliqué des politiques de QE. Au sein de la zone euro, la BCE a mené une politique d’achats d’actifs à partir de 2015.

Economie et inflation : les réactions sont différentes d’autrefois.

Un QE accompagné de déflation

Traditionnellement, ces distributions d’argent avaient pour effet de dévaluer la monnaie (On peut imaginer visuellement une plus grande masse de billets pour la même valeur de l’économie) : la devise perdait de son pouvoir d’achat. En favorisant la croissance de l’inflation, elles poussaient aussi le cours des titres financiers à la hausse, abaissaient les taux d’intérêt et réduisaient les coûts des emprunts en conséquence, ce qui favorisait les investissements et diminuait le coût de la dette. 

Mais ce n’est pas ce qui s’est passé récemment. Les politiques de QE qui ont été menées sur la décennie précédente ne se sont pas accompagnées d’une reprise de l’inflation.

Au contraire, l’Europe est restée en quasi-déflation. Or, la déflation est néfaste pour l’économie, car elle engendre un recul de la demande. Les agents économiques anticipent en effet que les prix vont encore se réduire, et ils diffèrent en conséquence leurs achats, espérant faire de meilleures affaires à l’avenir. Cette tendance érode les bénéfices des entreprises, car elles vendent moins et doivent financer des stocks.

Le QE de la BCE a surtout favorisé les marchés financiers, en faisant baisser les taux d’intérêt de long terme (certains pays pourtant très endettés tels que la France ont même pu emprunter à des taux d’intérêt négatifs). Par conséquent, les investisseurs se sont détournés des obligations dont la rentabilité s’est effondrée.

Les énormes capitaux distribués par les banques centrales ont été utilisés pour acheter des actions, ce qui a fait monter les cours boursiers.

La politique de la BCE a aussi fait chuter les taux d’intérêt des banques, ce qui a provoqué une explosion des emprunts immobiliers.

Un programme d’urgence pour contrer la crise économique

Dès le début de la crise sanitaire, la BCE a mis en place son “programme d’achats de titres d’urgence” (ou PEPP pour Pandemic Emergency Purchase Programme) pour juguler le déclenchement d’une crise dramatique liée aux conséquences de la pandémie de Covid-19. Les différents pays de la zone euro et la BCE ont mis 1 850 milliards d’euros sur la table pour acheter des actifs et inonder les marchés de capitaux. Ce faisant, ils ont signalé aux marchés et aux agents économiques qu’ils soutiendraient l’économie (et qu’ils n’avaient pas de souci à se faire).

Cette politique a maintenu un climat de confiance qui largement contribué à limiter la volatilité sur les marchés financiers, en dépit de l’avalanche continuelle de mauvaises nouvelles.

Nous avons connu un krach boursier en mars 2021, et d’autres corrections ont eu lieu entretemps. Cependant, les cours ont repris leur ascension malgré la mise en quarantaine de pays entiers, les secteurs à l’arrêt et les nombreuses faillites. Un an plus tard, les bourses de Wall Street et de Francfort battaient de nouveaux records. Les indices ont quasiment tous retrouvés leurs niveaux d’avant la crise sanitaire.

Le retour en force de l’inflation

Mais la pandémie a créé de nombreuses disruptions dans l’économie mondiale.

De nombreux secteurs sont victimes de pénuries, comme celui de l’automobile, confronté au manque de semi-conducteurs. Ces pénuries provoquent des hausses de prix sur les composants, les matières premières, et c’est ainsi que l’inflation a fait brutalement son retour dans les économies occidentales.

Les taux d’inflation actuels sont aussi influencés par l’effondrement des prix de nombreux produits pendant la pandémie. Aux Etats-Unis, les prix des billets d’avion sont plus élevés qu’il y a un an, parce qu’avec la progression de la vaccination, les Américains recommencent à prendre l’avion. Cependant, même si les prix des billets ne sont pas encore revenus au niveau d’avant crise, ils enregistrent de fortes hausses car ils sont comparés à des prix anormalement bas.

Ce phénomène est ce que l’on nomme un effet de base : la variation constatée ne provient pas d’une variation récente, mais de la chute brutale des prix intervenue dans les premiers mois de la crise sanitaire (le taux d’inflation est un taux glissant sur un an).

Ainsi, pour reprendre l’exemple des prix des billets d’avion aux Etats-Unis, ils sont plus chers qu’il y a un an au cœur de la crise sanitaire, mais ils sont encore moins chers qu’avant la crise.

Dans la zone euro, la hausse des prix a atteint 3,4 % sur un an. C’est le taux le plus élevé depuis 2008, et il très supérieur aux 2 % que la BCE peut tolérer. Pour le moment, les cadres de l’Institution affirment qu’il s’agit d’une situation temporaire. Ils ajoutent qu’ils n’interviendront pas pour tenter de juguler cette hausse des prix.

Mais ils pourraient changer d’avis si cette inflation devait perdurer, voire se renforcer. Dans ce cas, ils pourraient décider d’augmenter le taux directeur de la BCE entrainant des potentiels “crack boursiers”…


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