Qu’est-ce que l’épargne de précaution ?

Avant d’investir l’épargne de précaution est un prérequis. En quoi consiste cette épargne, où la placer et quel montant ? c’est ce que nous vous proposons de découvrir.
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Financer sa retraite, aider ses enfants pendant leurs études, préparer l’avenir… les particuliers définissent des objectifs à court, moyen et long terme afin de piloter au mieux leur épargne et de choisir les supports d’investissements adéquats. Constituer une épargne de précaution, c’est la première étape incontournable pour une gestion saine de ses finances personnelles.

Perte d’emploi, problèmes de santé, problèmes matériels (réparations automobiles, électroménager en panne, …) … d’innombrables imprévus s’invitent dans notre quotidien. Ces dépenses peuvent significativement chambouler notre niveau de vie.

Accumulée sur un placement à court terme et disponible à tout moment, avec cette épargne, vous gérez plus sereinement les impondérables. Moins de précipitation, une meilleure analyse… vous choisissez la solution la plus adaptée. Et, hyper important, vous ne piochez pas sur d’autres placements à long terme (des retraits ou des clôtures accompagnés de pénalités ou/et de prélèvements fiscaux).

Toutefois, épargner n’est pas un acte aussi facile qu’il n’y paraît. Prendre du recul, analyser et installer une stratégie équilibrée, efficiente, c’est essentiel.

Découvrez, dans cet article, comment constituer cette réserve d’argent, véritable pilier de votre plan d’investissements.

Faut-il investir son épargne de précaution ?

Non. Faire fructifier son argent n’est pas l’objectif principal de l’épargne de précaution. Son rendement est secondaire.

Par contre, les priorités : constituer une réserve d’argent disponible à tout moment, et ce, dans son entièreté.

3 critères guident le choix du support d’épargne :

  • une garantie en capital ;
  • une absence de frais d’entrée, de versements et de sorties ;
  • une imposition faible, voire nulle.

3 placements, en France, correspondent :

  • les livrets réglementés ;
  • les livrets non réglementés ;
  • les fonds euros d’une assurance-vie.

Les livrets réglementés.

Livret A, livret d’épargne populaire, livret développement durable et solidaire… Défiscalisés, sans risque, avec un capital garanti, des comptes à frais réduits ou nuls, tous ces produits d’épargne autorisent des retraits en espèce sans pénalités, l’argent est disponible très rapidement.

La souplesse de ces produits contrôlés par l’État (taux d’intérêt, plafond, conditions générales …), s’accompagne d’une contrepartie non-négligeable. Une rémunération très faible.

Bien sûr, le rendement n’est pas la priorité. Cependant, l’investisseur doit être conscient, que l’argent placé sur ces supports, net d’inflation, perd du pouvoir d’achat. Sur des montants importants, le manque à gagner peut-être considérable au fil des années. Il est plus judicieux de ne pas y placer massivement ses économies.

Protéger son capital, le faire fructifier, un véritable casse-tête, idem pour l’épargne de précaution. Il faut donc diversifier pour préserver la valeur de son capital.

Les livrets non-réglementés.  

Chaque établissement bancaire détermine le taux d’intérêt, le plafond et les conditions d’utilisation de son livret.

Le capital est mobilisable à tout moment, les plafonds d’épargne sont nettement supérieurs à ceux imposés par l’État sur les livrets réglementés (22 950 € pour le livret A, 12 000€ pour un LDDS, 7 700 € pour un LEP).

Par contre, ces livrets n’échappent pas à la fiscalité (impôts sur le revenu et cotisations sociales). Les taux d’intérêts affichés sont bruts. Après imposition, une rentabilité peu différente de celle des livrets réglementés.

Le fonds en euros d’une assurance-vie.

Une alternative intéressante pour placer son épargne de précaution. Investi sur des placements peu risqués (obligations souveraines et produits monétaires), la rémunération, malgré des taux d’intérêt actuellement bas, est bien plus élevée que celle d’un livret réglementé.

Remarquez !

En 2019, d’après la FFA (Fédération Française de l’Assurance), le taux moyen servi pour les fonds euros était encore de 1,5% alors que le livret A offrait un rendement de 0,75 % …

Autre avantage, le capital est garanti.

Mais attention …

Un fonds en euros n’offre pas la même flexibilité :

  • délais pour récupérer les fonds ;
  • selon l’assureur, des pénalités de retraits ;
  • frais d’imposition lors de la clôture de l’assurance-vie.

À savoir, la loi Sapin II modifie les règles de disponibilités. Pour assurer la stabilité des établissements financiers (en cas de crise), le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) peut suspendre les rachats partiels sur les contrats d’assurance-vie sur une période comprise entre 3 et 6 mois. L’épargne peut donc être temporairement indisponible.

Et le compte courant ?

Laisser son épargne de précaution sur un compte courant, rarement une bonne option.

La liquidité de l’argent est alors à double tranchant :

  • un avantage certain pour répondre dans l’immédiat à une urgence ;
  • un inconvénient majeur, ne pas le thésauriser et se faire plaisir.

De l’argent sur un compte courant, aucun rendement, un capital non-protégé contre l’inflation et au final une perte de pouvoir d’achats.

Quel est le bon niveau d’épargne de précaution ?

L’équivalent de 6 mois à 1 an de revenus ou de dépenses. Des chiffres régulièrement cités pour l’épargne de précaution.

Une fourchette a adapté selon la situation professionnelle de l’investisseur, son besoin de sécurité et son train de vie.

Des configurations professionnelles (salariés du privé, travailleurs indépendants, autoentrepreneurs, fonctionnaires, …) et familiales différentes (célibataire, famille mono- parentale, famille de 4 personnes). Des statuts d’emplois et des dépenses différentes. Une épargne de précaution à adapter à chaque situation.

Bref, déterminer une épargne équilibrée, c’est déterminer une somme d’argent qui vous rassure. Le juste montant, c’est celui qui permet toutes les dépenses sans recourir aux placements d’investissements à long terme (PEA, assurance-vie multisupport, plan d’épargne-retraite, …)

Ne soyez pas “trop rassuré” non plus…

Nous l’avons vu. Cette épargne, placée sur des comptes peu rémunérateurs, peut être grignotée par l’inflation. Le surplus investi pourrait être mieux placé sur un support plus risqué avec plus de rendement… Lutter contre l’inflation, c’est aussi un moyen de protéger son épargne.

Quels sont les leviers pour augmenter son épargne ?

Il existe 3 leviers pour augmenter son épargne que nous allons décortiquer :

  • l’analyse et la fixation d’un objectif ;
  • la réduction des dépenses et les achats malins ;
  • la multiplication des sources de revenus.

L’analyse et la fixation d’un objectif.

“Il n’y a point de vent favorable à celui qui ne sait où il va” (Sénèque). Cette épargne de précaution va se constituer au fil du temps, mois par mois.

Pour atteindre l’épargne fixée, il faut donc :

  • donner un sens à cette volonté d’économiser ;
  • analyser la situation de départ.

Donner un sens à l’épargne de précaution.

Épargner, c’est frustrant. Cet argent mis de côté pourrait très bien servir pour se faire plaisir maintenant…

Mais l’épargnant doit toujours garder à l’esprit que cette épargne de précaution est un formidable tremplin pour atteindre des objectifs “plus grands” et souvent plus importants.

Achat d’une résidence principale, études des enfants, retraite, … Doté de ce matelas de sécurité, le particulier peut investir plus sereinement sur des supports d’investissements plus risqués pour financer des projets qui lui tiennent vraiment à cœur, des projets qui lui offriront une plus grande liberté dans le futur.

Être propriétaire de sa maison, assurer ses revenus, réduire sa dépendance envers un tiers (un particulier ou l’État), … Envisager son avenir en toute quiétude, une sensation très agréable.

Analyser la situation départ.

L’objectif fixé, comment l’atteindre ?

Le relevé de compte mensuel, véritable miroir de la consommation quotidienne d’un particulier, constitue une formidable feuille de route et permet d’établir son budget.

Il permet à l’épargnant d’évaluer son reste à vivre (une fois toutes les dépenses contraintes payées) ce qui constitue sa principale source d’épargne de précaution.

La réduction des dépenses.

Le relevé de compte mensuel, une mine d’informations pour analyser précisément ses dépenses.

L’épargnant y observe 2 types de dépenses :

  • récurrentes ;
  • ponctuelles et non-obligatoires.

Réduire ces dépenses favorise la capacité d’épargne.

Les dépenses récurrentes.

Impôt sur le revenu, taxe d’habitation, taxe foncière, charges de copropriété, … C’est compliqué de réduire ces prélèvements (sauf déménagement).

Ce n’est pas le cas des abonnements et des contrats, … Électricité, gaz, Internet, téléphonie, frais bancaires, assurances, … La concurrence entre les opérateurs est rude. Des opportunités commerciales existent pour réduire “sa consommation.” Analyser son relevé de compte, c’est aussi s’interroger sur la pertinence de certains abonnements (streaming vidéos, presse, …). Parfois, ce qui a été utile à un temps T, ne l’est plus. Donc faire des choix et passer à l’action en toute sérénité.

Enfin, les dépenses alimentaires, c’est possible de les réduire : comparer les offres commerciales, consommer local (acheter directement aux producteurs, c’est récupérer la marge du distributeur) …

Les dépenses ponctuelles et non-obligatoires.

“Les petits ruisseaux font les grandes rivières”.

Ce sont des dépenses plaisirs (loisirs, cadeaux, …) et non contrôlées réalisées quotidiennement. Ces achats impulsifs paraissent anodins, mais additionnés, ils représentent une somme d’argent considérable susceptible d’alimenter l’épargne de précaution.

Les achats malins.

Les courses alimentaires, les achats plaisirs, les contrats d’abonnement… Faire face à ces dépenses est un vrai challenge pour tout consommateur.

Des sociétés l’ont bien compris. Pour répondre aux besoins, voire aux désirs des consommateurs toujours plus dévoreurs, elles proposent des cashbacks (remboursement d’une partie de vos achats), des ventes privées (stocks non vendus par les enseignes à des prix “bradés”) et la commercialisation de produits d’occasion entre particuliers.

Encore de nouvelles opportunités pour réduire ses dépenses.

Analyser ses dépenses. Faire jouer la concurrence. Réduire ses abonnements. Consommer malin. Des économies accessibles, des actions rapides à mettre en place notamment grâce aux lois Hamon qui favorise notamment l’information des consommateurs (clause de tacite reconduction, émail  de fin de contrat, …), et Chatel qui facilite la résiliation de contrats.

Travailler plus et pas forcément avec son patron.

Autre possibilité pour augmenter sa capacité d’épargne, diversifier ses sources de revenus.

Reposer sa stratégie sur son unique salaire est risqué. Que se passe-t-il en cas de perte d’emploi ou de cessation temporaire d’activité ?

Dépenses contraintes non couvertes, épargne de précaution impossible. Finalement, vos objectifs sont repoussés.

Une solution : choisir de cumuler plusieurs emplois.

L’exercice d’une activité complémentaire permet de compléter son revenu principal, de pallier ses risques et d’accélérer l’épargne de précaution.

Le statut d’autoentrepreneur, l’économie numérique (location Airbnb, location de voitures activités freelance, …) offrent de multiples possibilités. Peut-être avez-vous un bien à louer ou un talent à monétiser ?

Et après l’investir.

Se payer en premier, comme le précise Robert T. Kiyosaki dans le livre Père Riche Père Pauvre. C’est le meilleur moyen de se constituer une épargne de précaution. Avec le reste à vivre, il suffit de créer un virement automatique, en début de mois, pour transférer une partie des sommes à disposition (5, 10, 20%) du compte courant aux supports de votre épargne (livrets réglementés, non réglementés, fonds en euros). Et ce, sans devoir y penser régulièrement.

Bien sûr, plus le pourcentage dédié à l’épargne de précaution sera élevé, plus le montant fixé sera atteint rapidement.

Mais quand l’objectif d’épargne de précaution est réalisé. Comment utiliser ce surplus d’argent de son compte courant mensuellement ?

L’épargnant peut envisager d’autres objectifs, d’autres projets et donner vie à ses rêves :

  • investir sur des supports plus risqués, mais plus rémunérateurs comme l’immobilier, la bourse, voire les cryptomonnaies. Acquérir des actifs et les faire fructifier ;
  • investir pour soi… Améliorer ses compétences et les monétiser (augmentation salariale ou activité freelance). La connaissance, un actif inestimable.
  • se faire plaisir avec des projets pilotés et contrôlés (voyages, smartphones, ordinateurs, …) avec deux impératifs : ne pas toucher à son épargne (quel que soit le support d’investissements) et ne pas se constituer un passif (une dépense récurrente qui réduirait sa capacité d’investissements comme une voiture ou un achat à crédit).

L’épargne de précaution, une nécessité.

Vous en savez désormais un peu plus sur l’épargne de précaution. Une stratégie gagnante, un pilier solide pour construire votre capital. C’est une protection et un tremplin.

Bref, l’épargne de précaution apporte bien-être, tranquillité d’esprit. Elle permet de mener ses projets en toute quiétude.

Toutefois, comme sur tout support d’investissement, il faut veiller à la préserver.

En effet, la pandémie de COVID-19 a obligé l’État français à s’endetter considérablement pour limiter l’impact économique du virus. La BCE (Banque Centrale Européenne) injecte massivement des liquidités avec un risque d’inflation, voire d’hyperinflation.

Cette dette devra être remboursée. Certains économiques comme Olivier Delamarche met en garde les épargnants. Selon lui, ce remboursement s’effectuera par des prélèvements sur l’épargne des concitoyens. Une situation vécue par les Chypriotes en 2012 (les banques avaient été fermées 12 jours, les retraits en espèce limités, …).

Les politiques français prendront-ils ce risque ? Seront-ils contraints pour rembourser leurs créanciers ?

Une chose est sûre… L’instabilité actuelle, l’endettement de l’État et le manque de perspective doivent inciter les épargnants à la plus grande prudence.

Et vous ? Qu’en pensez-vous ? Quelles stratégies d’investissements avez-vous mis en place pour vous protéger et mener à bien vos projets ? Faites-nous part de votre expérience en commentaires.

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