Actions à dividendes : tout comprendre pour mettre en place sa stratégie

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Les actions à dividendes jouent un rôle capital sur les marchés financiers depuis plusieurs décennies… voire depuis plusieurs siècles. Bien avant les cryptomonnaies, les NFT et autres produits financiers contemporains, elles laissaient déjà entrevoir des bénéfices aux investisseurs. Tout en offrant un levier de financement aux entreprises.

Cette dynamique reste essentielle en 2023. C’est pourquoi il m’a paru important de lui consacrer un article complet.

Soyons clairs d’emblée : je ne veux pas m’attarder sur ce que les manuels d’économie ou des milliers de formateurs ont expliqué avant moi. Bien sûr, je tiens à résumer l’essentiel concernant les actions à dividendes. Je mobilise mon expérience et mes connaissances pour vous aider à élaborer une stratégie. Cela implique quels rappels théoriques.

Mais je souhaite également actualiser la notion, par rapport à la décennie très complexe que nous sommes en train de vivre.

Dans les lignes à venir, (re)découvrez pourquoi et comment l’acquisition d’une action émise par une entreprise peut faire fructifier votre capital… et celui de la structure concernée.

Suis-je sur le point de vous dévoiler une formule magique ? Non. Il serait malhonnête de l’affirmer.

J’ai tout simplement étudié et expérimenté longuement ces mécanismes. Je me renseigne constamment sur l’actualité – même si elle n’est pas toujours réjouissante. Me voilà donc prêt à vous dévoiler quelques principes fondamentaux remis au goût du jour.

Et je ne vous demande aucun dividende en retour. 😉

L’action à dividende : une définition sans complication

Une action à dividende correspond à un titre de propriété, vendu par une société. Lorsqu’un investisseur acquiert l’un de ces produits financiers, il participe à la santé financière de ladite société.

Cela suppose une contrepartie. Les actionnaires, comme on les appelle, doivent idéalement réaliser un bénéfice grâce à leur acquisition. Le bénéfice en question découle précisément des dividendes.

Il existe une multitude de possibilités quant à leur distribution. Les pourcentages appliqués, la nature du retour (il peut s’agir d’espèces ou… d’autres actions, pour les plus ambitieux) dépend de nombreux paramètres.

Une aubaine… à condition de se montrer méthodique

Présenté ainsi, cet investissement paraît très intéressant. Et il peut effectivement le devenir… à condition de savoir ce que vous faites.

Pour mettre toutes les chances de son côté, pour vraiment tirer profit des actions à dividende, rien ne vaut l’établissement d’une stratégie. Elle portera alors ses fruits (ou non) au moment du fameux détachement. À savoir du moment où l’action se déleste d’un montant (x) ; celui qui va être réparti entre les actionnaires.

Attention : il ne s’agit pas de “gagner à tous les coups”. Ceux qui vous promettraient une telle chose s’apparentent à des charlatans. L’idée consiste plutôt à optimiser ses chances et à réduire les risques de perte.

L’objectif principal est de percevoir un revenu passif. Il serait dommage, toutefois, de ne pas se montrer un peu… actif dans son approche ! Jouer avec le hasard compromet le succès des opérations. Alors, quelles sont les pistes à explorer ? Les bons réflexes à prendre ?

Je préfère vous prévenir : ce qui va suivre ne correspond pas forcément à ce que l’on imagine à priori. Selon moi, il y a des idées reçues à déconstruire pour performer. Passons donc aux choses sérieuses.

La croissance des dividendes : un indice de bonne santé financière… vraiment ?

De but en blanc, l’on pourrait penser que si les dividendes découlant des actions d’une société sont en croissance…

… alors cette société est un cheval sur lequel miser encore longtemps.

Oui, c’est ce qui paraît le plus logique. Néanmoins, dans les faits, il s’avère dangereux d’adopter une approche aussi mécanique. Quelques exemples vont vous aider à comprendre pourquoi : 

  • Une compagnie pourrait se mettre à distribuer des montants plus élevés… parce qu’elle a contracté un emprunt en parallèle. Au premier plan, ses activités sembleront fructueuses. Alors qu’en réalité, c’est l’inverse : si elle ne parvient pas à rembourser ses dettes, un déficit se creuse.
  • En finance comme en amour, rien n’est jamais acquis ! L’indice positif (en l’occurrence une augmentation des montants) d’aujourd’hui ne garantit pas la pleine réussite de demain. Une compagnie aérienne qui aurait ravi ses actionnaires en 2019 a dû revenir sur ses pas en 2020 suite aux restrictions de déplacement. Il faut donc penser “global”, et ne pas s’arrêter à des photographies trompeuses.
  • Un changement au niveau du fonctionnement interne (nouveaux cadres, nouvelle politique…) vient de temps à autre modifier le modèle. Là encore, cela n’offre pas un thermomètre irréfutable.

J’irais jusqu’à dire que l’inverse est vrai aussi. Si le retour sur investissement devient moins intéressant, il n’est pas automatiquement question de revendre ses actions à dividende. Et si cela montrait une certaine intelligence de la part des décisionnaires ? Une prudence relative à la situation locale, nationale, internationale ?

Actio à dividendes : Petite synthèse intermédiaire (1)

Je suis arrivé au terme de ma première grande recommandation.

Il vaut mieux éviter les analyses binaires quand on achète des titres de propriétés auprès de sociétés. Pour parler populairement, il ne faut ni “s’emballer”, ni “lâcher l’affaire” à la moindre vibration. Faire preuve de détachement… en attendant le détachement 😉 Évidemment, parfois, quand la valeur des dividendes décolle, c’est un bon signe. Pour autant, il serait faux de croire que c’est forcément de bon augure.

Alors, comment s’y retrouver si ce repère a des allures trompeuses ? Même si j’ai fortement aiguisé mes compétences dans le domaine, je vais invoquer un spécialiste dans le paragraphe suivant. Ses travaux sont une mine d’or pour celles et ceux qui cherchent à affiner et pérenniser leur stratégie.

La prédiction des dividendes, un art difficile : l’étude de Michel Albouy


Nous avons tous déjà cherché une information… pour finalement se retrouver face à un “blabla” incompréhensible. Rien de tel quand on lit les explications de Michel Albouy. Ce professeur des universités a justement consacré un article académique complet à la question des dividendes et aux nombreux défis qu’ils représentent.

L’article en question a été publié en janvier 2007. Il y a donc quinze ans environ. Vous pouvez le retrouver ici dans son intégralité.

À l’époque, les smartphones faisaient tout juste leurs premiers pas. Internet en était à ses balbutiements. Qu’importe. À quelques exceptions près, ce que Monsieur Albouy décrit n’a pas perdu de son actualité. La société a changé, mais les phénomènes boursiers gardent leur ADN ; celle qui les a vu naître au XIXe siècle.

Le chercheur commence par cette phrase emblématique : “La prévision est un art difficile”. Trop de gens la confondent avec “prédiction”, d’ailleurs. À tel point que Michel Albouy s’amuse à demander : “Dans quelle mesure l’évolution des dividendes sur longue période est susceptible de remplacer le sang de poulet pour prévoir celle des cours des actions ?”.

On peut remplacer “sang de poulet” par “boule de cristal”. Ce qui est mis en avant ici, c’est cette tension, cet équilibre fragile entre la croissance des montants redistribués et l’évolution des cours. Celle que j’ai démontrée tout à l’heure.

Un investisseur avisé doit renoncer à la divination… et aux mathématiques trop froides. Oui, c’est frustrant. On ne peut se raccrocher ni à la magie, ni à sa calculatrice. Il existe pourtant (et heureusement) des chemins plus sûrs et porteurs à emprunter.

Le long terme : cet allié précieux

Le professeur Albouy livre un exemple : celui de la fameuse firme Danone. Techniquement, on se lève tous pour elle… mais cela n’empêche pas certaines fluctuations !
 

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Ce graphique montre que sur une période de dix ans, la valeur des dividendes et le cours de l’action ne se sont pas toujours tutoyés. Il n’y a pas nécessairement une corrélation claire entre les deux données. Par exemple, entre 1998 et 1999, la moyenne des prix la plus basse se révélait quand même au-dessus du montant médian redistribué.

  • Un actionnaire ne jurant que par la valeur indicielle au temps (t) des dividendes aurait alors revendu ses produits financiers au crépuscule du XXe siècle. Dommage : en tenant quelques années, il aurait profité des belles performances du groupe.
     
  • Un autre actionnaire se basant sur une “fenêtre” de progression des dividendes (par exemple, 1994 – 1998) aurait probablement maintenu sa participation. Cela lui donnait, en effet, une vision plus exhaustive quant à l’évolution des cours. Il aurait vu que parfois les montants redistribués et la performance boursière ne “correspondaient” pas totalement. Mais que la croissance des dividendes se maintenait dans le temps.

Petite synthèse intermédiaire (2)


Ma deuxième astuce fait écho à la première, avec une emphase particulière sur le long terme.

Il ne s’agit jamais de vérités absolues, que l’on peut calquer sans exception. Mais cela reste plus raisonnable et statistiquement plus fiable de prendre son temps.

N’oubliez pas non plus à quel point il est précieux de connaître les sociétés auxquelles on confie une partie de sa fortune pécuniaire.

Voilà ce qu’il faut savoir à ce sujet.

Les fondamentaux d’une société : les dividendes ne sont et ne font pas tout


Même si les dividendes équivalent à ce que vous percevez, j’ai pu montrer que leur progression n’était pas une fin en soi. Je vous encourage vivement à prendre d’autres éléments en considération. D’élaborer une stratégie d’ensemble.

Il y a un large éventail de paramètres à apprécier, étudier et “exploiter” potentiellement :

  • Les liquidités de la firme. Ce genre d’informations doit être publié de manière transparente par les entités. Tout comme le flux de trésorerie.
  • Renseignez-vous sur les modèles de gestion propres à la société. Aucune ne ressemble exactement à l’autre.
  • J’en parlais un peu plus tôt : examinez les potentielles phases d’endettement. Une structure qui doit beaucoup d’argent arrivera-t-elle à en distribuer longtemps ?
  • Interrogez-vous quant à la place du groupe dans la société. Qu’en est-il de sa capacité à innover ? De ses perspectives ?

Ce n’est pas pour rien que beaucoup d’investisseurs confient le pilotage des transactions à un agent intermédiaire. Il y a bien davantage à envisager qu’une modulation primaire basée sur “l’argent investi” et “l’argent reçu”.

Au demeurant, et on quitte là les grands principes de Monsieur Albouy, les changements sont plus fréquents, plus massifs que jamais en cette décennie 2020. Peu de gens avaient vu arriver le titan ChatGPT et sa fratrie à la fin de l’année 2022. À peine s’est-on remis des mesures de confinement et de ses déclinaisons… que la guerre en Ukraine a redistribué les cartes.

Il est donc nécessaire de rester sur ses gardes et de “prendre la température”. Se contenter de vérifier la croissance (ou la perte de vitesse) des dividendes est dangereux.

J’aimerais tout de même terminer ce guide par une précision. Elle doit venir équilibrer ce que j’ai démontré jusqu’ici. Et elle devrait aussi vous aider.

La distribution des dividendes : une réalité à considérer en tant que telle


Sans même parler de fluctuations des montants reversés, le fait, pour une structure, de redistribuer des dividendes sur les actions est un choix à part entière. Elle n’y est pas strictement tenue.

Si une société anonyme, par exemple, adopte ce modèle, elle privilégie une dynamique positive, tournée plus sensiblement vers les actionnaires. Il reste essentiel de se poser d’autres questions (je ne vais pas me contredire…) et de ne pas considérer la croissance des valeurs par part comme une assurance.

Pour autant, si les différents signes sont positifs et que les dividendes font partie de l’équation, alors l’enthousiasme est permis.

Je déconseille à un(e) débutant(e) de se risquer à des placements auprès de compagnies qui n’en distribuent pas. Il s’agit souvent (même si pas toujours) d’acteurs au fonctionnement plus complexe, difficile à saisir. Il semble plus sûr de faire ses armes en amont, là où les détachements sont possibles.

Le monde passionnant des dividendes : à vous de jouer


J’espère que ces quelques lignes vous auront aidé à mieux comprendre les spécificités, les limites et les avantages d’une stratégie basée sur la croissance ou la perte de vitesse des dividendes.


Comme toujours, il n’existe aucune solution miracle. Il faut faire preuve de patience. D’abnégation, parfois. Même les milliardaires de ce monde ont dû essuyer des échecs… et ne sont pas à l’abri d’une déroute.

N’hésitez pas à employer des outils de toutes sortes. À parcourir la presse. Et comme toujours… à soigner la diversification de votre portefeuille. Petit à petit, vous devriez prendre un rythme de croisière agréable et fructueux. C’est en tout cas ce que je vous souhaite vivement !

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