L’action Tesla est-elle une bulle financière ?

Le fort momentum entretenu par Elon Musk, PDG du constructeur de véhicules Tesla, fascine autant que l’entreprise en elle-même. Doit-on s’inquiéter ou s’intéresser à une potentielle opportunité ?

L’entreprise Tesla est devenue depuis début juillet le 1er constructeur automobile au monde en valeur de capitalisation boursière portée par une envolée historique du cours de plus de 250% depuis début janvier 2020. Montée invraisemblable et intenable pour certains, qui avaient déjà relevé l’irrationalité boursière depuis plusieurs semaines[1], caractéristique d’une entreprise innovante pour d’autres, nous avons voulu comprendre comment l’action Tesla a pu atteindre de tels records.

Est-on en présence d’une bulle financière pour autant ? Rien n’est moins sûr! Une bulle financière est caractérisée par une montée violente des cours puis par une chute brutale. L’action Tesla ne peut donc être considérée comme une bulle tant que l’éclatement ne survient pas.

Alors qu’est ce qui maintient et pourrait encore maintenir Tesla au sommet ? c’est ce que je vous propose de découvrir dans les paragraphes qui suivent.

Elon Musk, une personnalité excentrique

A l’image de Warren Buffett que nous avons déjà présenté, Elon Musk est un entrepreneur et visionnaire hors pair. Médiatisé pour son rôle dans la société Tesla, qu’il n’a pas fondé contrairement aux croyances, il est à l’origine de projets d’envergure exceptionnels :

  • Paypal : Elon Musk a créé en 1999 une banque en ligne nommée X.com. Si l’activité de sa banque en ligne a peiné à se développer, le rachat de Paypal un an plus tard, lui permis de surfer sur un très grand succès. Paypal fut revendu en 2002, 1,5 milliards de dollars à Ebay[2].
  • Space X : Désireux d’augmenter la fiabilité d’accès en orbite et de permettre l’essor des projets spatiaux civiles, Elon Musk fonde Space X en 2002 là où la NASA avait échoué… Hum…
  • Hyperloop : Transcendé par sa vision de changer le monde, il imagine en 2012 un nouveau mode de transport (le TGV subsonique) capable de se déplacer à 1 200 km/h. Oui plus rapide que l’avion et fonctionnant à l’énergie solaire!
  • Neuralink : Encore un projet ambitieux. Né en 2016, Neuralink à pour objectif de connecter les intelligences humaines (cerveau) et artificielles (programme, ordinateur).
  • The Boring Compagny : Toujours en 2016, Elon Musk souhaite désengorger les villes et supprimer les bouchons. Il créait The Boring Compagny pour créer des réseaux de voies souterraines et surtout rapides.

Pas étonnant si depuis 2010, il est régulièrement cité dans le top des personnalités les plus influentes au monde. Pourtant et on le comprend, la réalité pourrait paraître plus obscure. Dans un entretien au New York Times, Elon Musk faisait état d’intense fatigue et de stress, jusqu’à consommer du whisky et fumer du cannabis en plein interview[3], soulevant des interrogations sur une potentielle fragilité mentale.

Une rentabilité que beaucoup attendent

Le résultat net annuel de Tesla est très largement négatif chaque année. Les investisseurs restent accrochés à la croissance de la société qui devrait faire, de l’année 2020, la première année rentable pour l’entreprise ?

Après deux trimestres consécutifs positifs fin 2019, Tesla a annoncé un bénéfice net de 16 millions de dollars au premier trimestre 2020. Une situation historique et saluée par les investisseurs, qui reste toutefois fragile compte tenu de la crise sanitaire qui frappe de plein fouet les Etats-Unis et plus globalement le monde entier.

La crise sanitaire pourrait venir mettre de l’huile sur le feu aux prévisions de rentabilité. Les usines du constructeur automobile n’ont pas échappé au confinement. Si les ventes de véhicule connaissent une reprise significative, la production limitée et donc la livraison qui en découle risquent de perturber les activités. Mécontent de la situation, le PDG s’exclame alors sur Twitter de « Libérer l’Amérique dès maintenant ».

Faire valoir une rentabilité qui peine à arriver est une activité fréquente des entreprises cotées en forte croissance. C’est le cas notamment d’Uber, dont la rentabilité n’est encore jamais arrivée, et de plusieurs biotechs. Les trois trimestres consécutifs positifs (historiques) ont montré aux investisseurs qu’il était possible pour Tesla d’imaginer une rentabilité sans toutefois la garantir.

Tesla a une avance technologique

Le marché de la voiture électrique haute gamme est une niche dans lequel Tesla s’est engouffrée, une niche qui permis à l’entreprise de se découvrir, de se développer. Mais c’est bien la Tesla modèle 3, le modèle le plus accessible, qui de part ses volumes de vente est susceptible de porter Tesla sur les voies de la rentabilité.

Pour autant ce dernier modèle est comme le reste : un bijou de technologie! Car Tesla c’est avant tout de l’innovation, qui ne répond à aucune chaîne de fabrication classique de véhicule. Car si les virages des véhicules électriques et de l’intelligence artificielle sont abordés par les constructeurs automobiles, Tesla fonce dans celui-ci sans être freiné par des techniques de production d’ancienne génération.

Il faut comprendre que les constructeurs historiques ont investi dans des chaînes de production, des chaînes de fabrication capables de concevoir des véhicules thermiques. Ce passif les empêche aujourd’hui de prendre un virage à 360° pour venir concurrencer Tesla qui présenterait dès lors 6 ans d’avance technologique[4].

L’aupilot – outil d’aide à la conduite – est en tête des projets les plus innovants, suivi du moteur à induction à courant alternatif triphasé qui offre une puissance d’accélération sans latence et des superchargers qui permettent de recharger 50% de la batterie en seulement 20 minutes. Ces technologies n’empêchent pas Elon Musk d’être ambitieux, puisqu’il promet que la voiture autonome arrivera bientôt. De quoi nourrir l’appétit des investisseurs.

Attention au short squeeze

Avance technologique, PDG emblématique, et bénéfices de plus en plus présents, tout semble rouler pour Tesla et pourtant la valeur est en bourse, l’un des titres les plus vendues à découvert…

Qu’est ce qu’un short squeeze ?

Un squeeze est caractérisé par un mouvement des cours à contre-tendance souvent violent. Un short squeeze est caractérisé par une hausse violente occasionnée par le rachat des positions vendeuses. Une hausse inattendue ou un événement sur un titre peuvent contraindre les vendeurs à découvert à racheter leurs positions faisant mécaniquement monter le cours.

Peut-on craindre un short squeeze sur l’action Tesla ?

Le Short Volume Ratio de l’action Tesla est de 27% selon fintel.io. C’est à dire que près de 30% des investisseurs sont positionnés à la vente sur Tesla. C’est énorme quand on sait que le Short Volume Ratio normal se situe entre 12 et 17% comme c’est le cas pour Apple ou Amazon.

30% des investisseurs se sont pris la hausse vertigineuse depuis début janvier 2020 et accusent de lourdes pertes. Il ne serait pas étonnant que ces positions vendeuses se réduisent à terme (appels de marge ou rachats) ce qui permettrait au cours de bourse de continuer de monter. Cette perspective attire les spéculateurs qui se positionnent à l’achat… le combat semble féroce.

Restons attentifs et prudent dans nos actes

Ni à l’achat, ni à la vente, à deux jours de la publication du résultat semestriel il faut savoir rester en dehors du marché. De mauvais résultats, qui en période post covid sont probables, pourraient donner raison aux vendeurs et freiner une bonne partie des spéculateurs. Dans le cas inverse, un short squeeze est une hausse des cours est toujours possible.

Comme je vous l’ai dit dans mon article Comment devenir riche est millionnaire, c’est bien le timing qui doit prévaloir sur le pricing. La patience est l’une des qualités d’un trader/investisseur 😉


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