Le Tapering en Finance : définition et interprétation.

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Nous y sommes (ou presque).

Si le vocabulaire financier possède son propre jargon, la notion de tapering peut sembler provenir des confins du monde monétaire tant ce concept a été oublié ces dernières années au profit du QE (Quantitative Easing).

Pourtant, l’application de cette politique – de tapering- peut avoir des impacts immédiats et importants sur l’économie.

Et si la BCE n’a pas encore affirmé réduire drastiquement ses rachats d’actifs, un durcissement de leur politique monétaire a été initié depuis 2022. Pire, l’ensemble de l’économie mondiale se tend…

De quoi anticiper – et déterrer – potentiellement une nouvelle notion : la notion de tapering en finance.

Si celle-ci semble encore obscur, elle aurait potentiellement une réelle incidence sur l’évolution des cours de bourse à venir (et donc indirectement de l’économie)… Doit-on prévoir une chute libre alors que les cours de bourse semblent rebondir en ce début d’année 2023 ? c’est ce que nous allons voir.

Le tapering : les banques centrales à la manœuvre

Pour ceux qui ne le savent pas, la banque centrale c’est, la banque des banques. Nous ne parlons pas de banque privée, mais d’une institution nationale, ou européenne. Sa mission est :

  • d’assurer la stabilité de la monnaie (nationale, ou internationale);
  • d’assurer la stabilité des prix;
  • de prêter de l’argent aux banques commerciales.

Pour accomplir ses missions, elle joue un peu les funambules. Pour assurer l’équilibre, elle agit sur plusieurs facteurs, comme un équilibriste utilise des contrepoids pour se maintenir sur son fil. Par exemple, elle assure la stabilité des prix grâce aux taux directeurs.

Le taux directeur, c’est le taux d’intérêt qui est appliqué aux banques commerciales. Les banques centrales jouent sur les taux pour moduler entre offre et demande de prêt. Comme des consommateurs qui achèteront moins si le prix augmente, les banques empruntent moins quand les taux s’envolent.

C’est un des leviers pour influencer les achats.

Le tapering : définition & fonctionnement

Il est également appelé resserrement quantitatif.

Le tapering est une action d’une banque centrale qui vise à diminuer ses actifs sur un marché.

Elle le fait de façon progressive. On pourrait dire qu’il s’agit du processus inverse de l’investissement.

Le tapering est annoncé pour la première fois en 2013, quand le président de la banque centrale américaine a annoncé la diminution échelonnée des achats d’actifs.

Il n’a pas duré très longtemps 2ans, pour autant, son prémice s’observe aujourd’hui sur les plus grandes banques centrales :

Synthèse des rachats d'actifs des banques centrales
Synthèse des rachats d’actifs des banques centrales

Le constat : la réduction des achats d’actifs

En général, le tapering suit une période d’assouplissement et d’achats d’actifs (quantitative easing). La banque centrale intervient sur le marché pour en stimuler la relance, en injectant des liquidités par des achats et investissements massifs.

Puis, quand les effets escomptés se font sentir, la banque centrale se « désengage » progressivement pour laisser agir plus librement les mécanismes du marché. En termes imagés, les banques centrales maintiennent la main sur la bride, et relâchent progressivement.

Tapering et effet d’annonces

Mais les marchés sont très réactifs. C’est pourquoi le tapering est fortement lié à des annonces des banques centrales. On ne brusque pas un marché financier, sous peine de chaos !

Le tapering donne parfois l’effet d’une grenade à manipuler avec d’extrêmes précautions. Lorsqu’en 2021, Christine Lagarde, présidente de la BCE, annonce la diminution mensuelle des achats d’actifs, elle dément le tapering. On ne parle que de recalibrage.

Pourquoi tant de prudence ?

Si un mécanisme de quantitative easing fonctionne, il est logique de penser que le mécanisme suivant jouera son rôle aussi.

Pourtant, dans un processus de tapering, une annonce peut déclencher ce qui fût appelé un plater tantrum. C’est ce qui s’est passé après l’annonce du président de la FED, la banque centrale américaine en 2013.

La crise de colère (selon la traduction de plater tantrum) a provoqué une hausse des taux très importante, quasi instantanée et l’action voulue progressive est devenue subitement une réalité immédiate, avec un emballement du marché.

En Europe, le tapering est-il devenu une légende urbaine ?

Une légende urbaine, c’est quelque chose dont tout le monde parle, mais qui n’a aucun fondement concret. Elle n’est pas vérifiée ni vérifiable.

Le tapering est-il aujourd’hui la légende urbaine des marchés financiers pour les Européens ?

Si le quantitative easing est bel et bien une réalité récurrente, en Europe, le tapering l’est moins. En effet, l’achat d’actifs pour stimuler l’économie a bien été constaté sur les marchés au profit des banques commerciales et aux états notamment.

En revanche, les annonces d’arrêt de cette politique au profit d’un tapering, se sont révélées moins appliquées et nous n’avons plus depuis 2020, un historique et une synthèse des rachats d’actifs de la BCE… Est-ce pour cacher un état de fait ?

Quoiqu’il en soit, il convient d’être vigilant et de suivre les discours et bilans de la BCE. Car “l’europhie” actuel des marchés boursiers pourrait bien se retourner si la situation se confirme…

La FED et Les autres banques centrales agissent.

Nombreux sont les Etats qui ont annoncé la fin du Quantitative Easing et leur processus de tapering

  • États unis
  • Japon
  • Suisse
  • Europe (BCE)
  • Suède

Si les USA ont essuyé les plâtres en 2013 après l’annonce de Ben Bernanke, depuis, la manœuvre est plus frileuse.

Chaque tentative s’accompagne d’un temps de conjugaison au conditionnel et de possibilités. La théorie ne se concrétise pas aussi bien que sur le papier des mécanismes financiers

C’est avant tout : des craintes

Le spectre de Taper tantrum (crise de colère) rend les banques centrales réticentes. L’emballement des marchés financiers est la dernière chose souhaitée dans ce type d’opération. Ce phénomène étant quasi instantané aux annonces, les présidents de banques centrales tournent sept fois leur langue dans leur bouche avant de se prononcer.

Cette réaction des marchés est logique. La quantitative easing est une action qui se veut à court terme. Sur le long terme, elle impacte durablement l’économie. Le sevrage est donc compliqué à mettre en place.

Si les États unis ont vu les marchés se stabiliser à nouveau après le Taper tantrum, c’est en partie grâce à la grande confiance insufflée par la FED aux marchés. Les investissements parallèles, notamment en obligations, y sont également pour beaucoup. Au bilan, le tapering a été un succès.

Tout comme les projets à long terme de chacun, la politique de tapering fonctionne parfaitement dans la théorie. Mais les banques centrales ont l’impression d’un saut dans le vide lorsqu’elles annoncent ou esquissent les premiers pas concrets. L’expérience des États est observée pas les autres pays. Dans les contextes géopolitiques et économiques difficiles, prendre la température des marchés frise l’expédition polaire.

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