TF1 m’a interrogé au sujet de la privatisation de la Française des Jeux

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Moi qui avait pour ambition de limiter mon exposition pour des raisons personnelles. Je peux vous dire que c’est raté avec ce passage sur TF1 au sujet de la privatisation de la FDJ. J’ai été la seule personne des personnes interrogées à modérer l’enthousiasme et à faire prendre de prudence. Sans doute porté par mon expérience. Je vais en profiter pour détailler dans cet article ce qui me motive à ne pas participer à cette introduction en bourse.

La FDJ est et restera une vache à lait, pour l’État.

La Française Des Jeux est doté d’un business très rentable et en croissance, mais dont la distribution des richesses est visiblement méconnue. En présentant un versement 2018 de 3,5 milliards d’Euros à l’État. L’épargnant Français espère secrètement une part de ce “gâteau”, tout en ce demandant pourquoi l’État cherche à privatiser une entreprise aussi rentable.

En faite, il n’en est rien. L’État prélève un impôt sur le total des mises des joueurs. Qui rappelons-le, s’élève à 15,8 milliards d’euros en 2018 avec progression constante de 5% depuis 25 ans.

Cet impôt sera maintenue. L’État restera le grand gagnant de cette privatisation puisqu’il estime en plus pouvoir empocher 1 milliard d’euros dans la vente de ses parts[1].

Dès lors que espérer ? La FDJ souhaite d’ici 2020 redistribuer aux actionnaires 80% de ses résultats net. Selon la FDJ, le résultat net 2018 était de 170 millions d’euros[2]. Si l’on considère 5% de croissance annuelle et une redistribution de 80% en 2020, cela représente 150 millions d’euros pour les actionnaires en 2020. On est loin, très loin des milliards malheureusement.

La Française des jeux ne devrait pas être une valeur spéculative.

Son business modèle est d’ores et déjà établi. Aidée par un monopole inébranlable. Ses prévisions de croissance annuelle de 4% sont tirées de l’anticipation de la progression des enjeux sur les paris sportifs. Même si, la FDJ n’exclut pas le rachat de sociétés en développement, l’entreprise devrait avoir du mal à nous étonner avec des résultats spectaculaires et supérieurs aux attentes.

Dès lors, seul le rendement des dividendes devrait permettre à la FDJ de maintenir un intérêt des investisseurs pour leurs actions.

Peut-on calculer le rendement des dividendes ? Oui, on peut estimer ce rendement avec les chiffres qui sont à notre disposition. Nous savons que l’état espère obtenir 1 milliard, 1.5 milliard d’euros pour 52% de part vendues.
La valorisation de la FDJ est donc estimée entre 1.9 et 2.88 milliards d’euros.
Comme nous avons aussi estimé, selon les chiffres fournies, que 150 millions d’euros seront versés aux actionnaires en 2020.
Le rendement des dividendes calculés pour 2020 serait situé dans ces conditions entre 5 et 7.5% pour une action valant 20€.

Ces valeurs de rendement sont supérieures au rendement moyen versées par les entreprises du CAC 40 chaque année. Ce dernier s’établissait à 3.8% en 2018.[3] Mais notre démonstration est trop hypothétique pour être considérée. Il est certain que cette privatisation va entrainer des changements internes qui vont peut être peser sur les premiers bilans.

La distribution de dividende est autant d’argent non réinvestis dans le développement de l’entreprise. L’équilibre entre développement/réorganisation et redistribution aux actionnaires ne s’annonce pas simple. Car dans une valeur de rendement, l’investisseur doit s’engager sur du long-terme, et la FDJ devra convaincre à chaque publication de résultats. Au risque d’initier un désintérêt.

L’État endosse son rôle de courtier

Cette fois-ci, c’est la bonne. Après deux tentatives de privatisation avortée, le gouvernement Macron est proche de la réussite. Et pour que le succès soit entier, l’État doit trouver ses acheteurs.

La communication omniprésente et les avantages rendent le mouvement populaire. L’Autorité des Marchés Financiers doit encore se prononcer sur les mesures incitatives demandés. Mais étant un établissement public, on voit mal comment elle pourrait s’y opposer. En effet Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie et des Finances, souhaite qu’une décote de 2% sur le prix de l’action soit appliquée pour tous les épargnants individuels. Il souhaite également qu’une action soit offerte pour 10 actions achetées et détenues 18 mois.

Ces incitations ont deux objectifs, garantir le succès de l’opération et éventuellement permettre à l’État d’obtenir un “jackpot” dans la revente de ses parts. Car rappelons qu’il ne se donne aucune limite.

Donner un objectif revient à fixer une limite, et je ne veux pas fixer de limite à notre ambition

Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie et des Finances

Dans ces conditions, la valorisation de la Française Des Jeux pourrait vite grimper lors de l’introduction. Au déficit des épargnants dont les rendements et le marché risque de chuter pour se rééquilibrer.

L’historique des dernières introduction en bourse fait peur

L’introduction en bourse est un exercice difficile en témoigne les dernières introduction sur l’Euronext. Alors bien sûr on ne peut pas comparer ces entreprises avec la FDJ. Tant le modèle économique et la communication mise en place sont différents. Mais il ne faut pas non plus minimiser le risque d’évaluation au marché.

Quelles sont les prochaines étapes ?

La période de souscription comme le 7 novembre 2019 (date d’ouverture) pour se finir le 19 ou 20 novembre 2019. Le début des négociations des actions de la Française Des Jeux sur le marché d’Euronext Paris aura lieu fin novembre.

Alors un seul conseil, si vous voulez investir, miser de l’argent que vous êtes prêt à perdre.


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  1. Les Francais ont souscrit des a present pour 1 milliard d’euros pour la mise en Bourse de la Francaise des Jeux, qui s’annonce comme un “immense succes populaire” selon le ministre de l’Economie et des Finances.

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